Alors que la Côte d’Ivoire se prépare à une nouvelle élection présidentielle en 2025, l’actualité politique du pays est marquée par la montée en puissance du CAP-CI, acronyme de Coalition pour l’Alternance Pacifique en Côte d’Ivoire. Cette plateforme, qui regroupe une vingtaine de partis politiques et figures majeures de l’opposition, entend jouer un rôle central dans le processus électoral en appelant au dialogue national et à des élections apaisées. Plus qu’un simple regroupement politique, le CAP-CI se positionne désormais comme un véritable contre-pouvoir au RHDP du président Alassane Ouattara.

Une coalition née du besoin d’alternance

Créée dans un contexte politique tendu, la CAP-CI s’est imposée en quelques mois comme l’un des principaux pôles de résistance à ce que ses membres qualifient de « confiscation du pouvoir » par le régime actuel. Officiellement lancée début 2025, la coalition regroupe 28 formations politiques, dont le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de Tidjane Thiam, le Front Populaire Ivoirien (FPI) de Simone Gbagbo, mais aussi plusieurs mouvements de la société civile.

Leur objectif commun ? Œuvrer pour une alternance politique pacifique, comme le stipule leur nom, dans un pays où les élections ont souvent été sources de tensions et de violences. Lors de leur premier grand meeting à Yopougon, le 31 mai 2025, ce sont près de 5 000 personnes qui ont répondu à l’appel du CAP-CI. Une démonstration de force symbolique, mais aussi un signal clair envoyé au pouvoir en place : l’opposition entend se faire entendre.

 

L’appel au dialogue : sincérité ou stratégie politique ?

Lors de ce meeting hautement médiatisé, les dirigeants du CAP-CI ont multiplié les appels à un dialogue inclusif avec le gouvernement. Selon eux, la paix et la stabilité du pays dépendent de la transparence du processus électoral et d’une réelle ouverture politique. Les leaders de la coalition dénoncent notamment la volonté du RHDP de présenter une nouvelle fois Alassane Ouattara comme candidat, malgré les controverses entourant sa légitimité après deux mandats déjà effectués.

Simone Gbagbo, présente sur scène, a exhorté le RHDP à « proposer un autre visage pour éviter la rupture ». Quant à Tidjane Thiam, intervenant depuis Paris, il a fustigé « un régime qui érige l’exclusion et la manipulation des lois en stratégie de gouvernance ». Derrière ces discours, c’est toute une stratégie qui se dessine : placer l’opposition comme détentrice de la légitimité morale, en contraste avec un pouvoir accusé de dérives autoritaires.

Mais certains analystes s’interrogent : ces appels sont-ils sincères ou ne sont-ils qu’une manœuvre pour préparer une contestation en cas de défaite électorale ? Le flou persiste, d’autant que des accusations de caporalisation du processus électoral pèsent lourdement sur le climat politique.

 

CAP-CI face à un RHDP survolté : vers une confrontation inévitable ?

En face, le RHDP ne semble pas faiblir. Les pré-congrès organisés dans plusieurs régions du pays affichent une mobilisation impressionnante autour de la figure du président sortant. De Séguéla à Daloa, de Bouaké à Yamoussoukro, les partisans de Ouattara scandent leur soutien sans équivoque, affirmant que « c’est ADO qu’on connaît » pour 2025.

Cette dynamique, relayée par les médias pro-gouvernementaux, vise à installer l’idée d’un consensus populaire autour du président sortant. Pourtant, la force tranquille du CAP-CI inquiète. Pour la première fois depuis des années, l’opposition ivoirienne semble unie, et même si des divergences subsistent en coulisses, l’émergence d’une plateforme aussi structurée remet en cause la domination apparente du RHDP.

Le véritable enjeu réside désormais dans la capacité du CAP-CI à incarner une alternative crédible, non seulement sur le plan politique mais aussi économique et social. Il ne suffit pas de critiquer, encore faut-il proposer. Et c’est sur ce terrain que la coalition sera attendue dans les mois à venir.

Une recomposition politique inévitable ?

La montée en puissance du CAP-CI marque une étape importante dans la recomposition politique en Côte d’Ivoire. Le pays, encore marqué par les violences post-électorales de 2010-2011, aspire à un climat apaisé. Mais cet espoir ne pourra se concrétiser qu’à travers un dialogue franc entre les différentes forces politiques, sans exclusion ni calcul partisan.

Le CAP-CI, en se plaçant en artisan de cette alternance pacifique, porte une lourde responsabilité : celle de ne pas alimenter les tensions, mais de construire les ponts nécessaires à une démocratie ivoirienne plus mature. Les mois à venir seront déterminants. Entre mobilisations populaires, joutes verbales, rencontres diplomatiques et enjeux institutionnels, le cap-ci est plus que jamais au cœur de l’actualité politique du pays.