Chaque mois de novembre, le monde se pare de bleu pour attirer l’attention sur un sujet encore trop souvent passé sous silence : la santé masculine, et en particulier le cancer de la prostate. Ce mouvement, connu sous le nom de « Novembre Bleu », vise à encourager les hommes à parler de leur santé et à se faire dépister à temps.
Un enjeu mondial majeur
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le cancer de la prostate est aujourd’hui le plus fréquent chez les hommes, avec plus de 1,4 million de nouveaux cas chaque année à travers le monde. L’incidence augmente avec l’âge, mais aussi avec les antécédents familiaux et l’origine ethnique. Les hommes d’origine africaine sont particulièrement exposés à des formes plus agressives de la maladie.
Malgré les avancées médicales, la mortalité reste élevée en Afrique, où de nombreux cas sont diagnostiqués à un stade tardif. On estime à environ 17 décès pour 100 000 hommes sur le continent, un chiffre largement supérieur à celui observé en Europe ou en Amérique du Nord.
Une réalité préoccupante en Côte d’Ivoire
En Côte d’Ivoire, les chiffres sont tout aussi alarmants. D’après les données du ministère de la Santé et du CNRAO, près de 2 700 nouveaux cas de cancer de la prostate sont enregistrés chaque année, soit environ 16 % des cancers masculins. Sur la même période, plus de 1 600 décès sont recensés. Ces chiffres traduisent la gravité du retard de diagnostic, souvent lié à un manque d’information, de moyens et à la persistance des tabous autour de la santé masculine.
Pourtant, lorsque la maladie est détectée tôt, les chances de survie dépassent 90 %. Le dépistage précoce permet de traiter la maladie avant qu’elle ne devienne agressive ou ne se propage à d’autres organes.
Pourquoi les hommes en parlent si peu ?
Le silence des hommes autour de leur santé n’est pas un hasard. Plusieurs facteurs expliquent cette réticence :
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Les tabous culturels et la peur du jugement. Dans beaucoup de sociétés, consulter un médecin est perçu comme une faiblesse ou une perte de virilité.
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Le manque d’information. Les campagnes de prévention ciblent souvent les femmes (sein, col de l’utérus), laissant les hommes en marge des messages de santé publique.
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La peur du diagnostic. L’idée du toucher rectal reste encore un frein majeur, souvent associé à la honte ou à l’inconfort.
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Les difficultés d’accès. Le coût des tests et l’absence de centres de dépistage dans certaines régions freinent aussi la prévention.
Pour inverser la tendance, plusieurs leviers peuvent être activés :
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Informer et éduquer. Les campagnes doivent expliquer simplement ce qu’est le dépistage et son importance. Des émissions radios, des débats communautaires et des interventions dans les entreprises peuvent aider à briser les tabous.
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Donner l’exemple. Les personnalités publiques, artistes, sportifs et leaders communautaires ont un rôle essentiel pour normaliser la démarche de dépistage.
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Rendre le dépistage accessible. Pendant Novembre Bleu, plusieurs hôpitaux et ONG proposent des dépistages gratuits ou à coût réduit. Ces initiatives doivent être encouragées et pérennisées.
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Impliquer les proches. Les épouses, les enfants et les amis peuvent jouer un rôle clé pour inciter les hommes à consulter.
À retenir
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Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez les hommes dans le monde.
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En Côte d’Ivoire, il représente près de 16 % des cancers masculins.
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Un dépistage précoce augmente les chances de guérison à plus de 90 %.
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Parler de sa santé, c’est aussi être fort.