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Togo : violences, répression et crise silencieuse – que se passe-t-il vraiment à Lomé ?

Publié le 01 juillet 2025Politique0 vues
Togo : violences, répression et crise silencieuse – que se passe-t-il vraiment à Lomé ?

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Au Togo, un silence pesant recouvre une réalité troublante. Alors que le pouvoir en place affiche une façade de stabilité institutionnelle depuis l’adoption d’une nouvelle Constitution en avril 2024, le pays vit dans un climat de répression, de peur et de colère populaire. Trois jours d’émeutes urbaines ont secoué la capitale Lomé, fin juin 2025, après des appels à manifester lancés par des artistes de la diaspora. Arrestations arbitraires, violences policières, disparitions inquiétantes, usage massif de gaz lacrymogène dans des quartiers populaires : le quotidien de nombreux citoyens togolais s’est transformé en cauchemar.

Ce que vivent ces familles, souvent à l’abri des projecteurs médiatiques internationaux, en dit long sur l’état actuel du pays et sur l’urgence de briser l’omerta.


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Une répression brutale qui frappe jusque dans les foyers

Fin juin, les quartiers de Dekon, , Tokoin et Agoè ont été le théâtre d’une violente répression. Des témoignages accablants, comme celui d’une septuagénaire agressée dans sa propre maison, jettent une lumière crue sur les méthodes des forces de l’ordre. En pleurs devant une radio locale de Lomé, elle raconte comment des hommes en uniforme sont entrés chez elle, l’ont brutalisée, ont frappé sa fille et enlevé son petit-fils. « Nous étions tranquilles chez nous. Nous ne manifestions pas », assure-t-elle. Emmenée brièvement à la gendarmerie, on lui ordonne de "revenir à 15h", sans autre explication.

Dans un autre témoignage bouleversant, un père de famille affirme que son enfant de six ans a failli mourir asphyxié après le tir de deux gaz lacrymogènes dans leur chambre. « Moi-même, je vomissais du sang », confie-t-il. Ces récits ne sont pas isolés : de nombreuses familles ont été victimes de descentes musclées, de perquisitions sans mandat, voire d’enlèvements.

 
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Le rôle déclencheur des artistes engagés : Aamron, figure d’un soulèvement

Le 6 juin 2025 marque un tournant. L’appel à manifester lancé un mois plus tôt par Tchala Essowè Narcisse, alias Aamron, rappeur engagé, galvanise la jeunesse. Mais cet appel va lui coûter cher : dans la nuit du 26 mai, une cinquantaine de gendarmes débarque chez lui. Il est arrêté, accusé de "délire" pour avoir critiqué le président Faure Gnassingbé et interné de force dans un asile psychiatrique à Aného, à 45 km de Lomé.

La réaction est immédiate. Sa mère dément tout problème de santé mentale sur TikTok : « Mon fils n’est pas fou. Il est bien portant. » Malgré sa libération le 21 juin, après avoir présenté des excuses dans une vidéo visiblement contrainte, la mobilisation continue.

D’autres artistes, comme Zaga Bambo, prennent le relais. Des blogueurs influents de la diaspora togolaise soutiennent le mouvement. Le pouvoir tente de juguler l’élan populaire par la force, mais la contestation persiste.

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Togo : entre changement de régime et montée des violences

La crise actuelle intervient dans un contexte institutionnel tendu. Une nouvelle Constitution a été adoptée en 2024, mettant fin au régime présidentiel pour le remplacer par un système parlementaire. Mais pour beaucoup, cette réforme n’est qu’un habillage démocratique d’une confiscation du pouvoir : Faure Gnassingbé, président depuis 2005, devient désormais chef du Conseil des ministres, renforçant de facto sa mainmise.

Dans le nord du pays, l’état d’urgence reste en vigueur, justifié par les menaces terroristes. Mais dans les faits, il sert aussi à museler toute forme de contestation. Les ONG locales et internationales dénoncent des arrestations massives, des actes de torture, et des détentions arbitraires.

Parallèlement, les crimes violents explosent à Lomé et dans les grandes villes : vols armés, cambriolages, agressions. L’insécurité quotidienne devient une autre facette de la crise que traverse le Togo.

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Conclusion

Derrière le calme apparent affiché par les autorités togolaises, le pays vit une crise politique, sociale et sécuritaire profonde. Ce qui s’est passé à Lomé fin juin 2025 n’est pas un épisode isolé, mais le reflet d’un mal-être national étouffé depuis trop longtemps. À travers les voix brisées des victimes, des artistes muselés et des quartiers populaires en détresse, c’est tout un peuple qui crie son désespoir. Le monde doit entendre cet appel avant qu’il ne soit trop tard. Ce qui se passe au Togo aujourd’hui est important. Pour le Togo. Et pour l’Afrique.

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