Yaoundé, 6 novembre 2025 – Le président Paul Biya, 92 ans, a prêté serment ce jour devant l'Assemblée nationale à Yaoundé, entamant officiellement son huitième mandat à la tête du Cameroun. Au pouvoir depuis 1982, cette nouvelle investiture, au terme d'un scrutin contesté, marque une continuité politique remarquable mais soulève d'emblée des interrogations fondamentales sur l'avenir immédiat et à long terme de ce pays d'Afrique centrale.
La Force de l'Inamovible et les Contours d'une Victoire Contestée
De l'autre, des figures de l'opposition, à l'instar d'Issa Tchiroma Bakary, ont immédiatement contesté les résultats, dénonçant des fraudes massives et un manque de transparence. La faible participation dans certaines régions, la violence de la répression post-électorale et les appels à des "villes mortes" témoignent d'une polarisation croissante et d'une fatigue démocratique palpable au sein d'une jeunesse majoritaire et connectée.
L'Étau de la Crise Socio-Politique et Économique
Au-delà de la mécanique électorale, le Cameroun sous Paul Biya est confronté à des défis structurels qui requièrent des réponses urgentes :
Le Conflit Anglophone Persistant : La crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, qui a dégénéré en conflit armé avec des séparatistes, continue de faire des victimes et des déplacés. Le "Grand Dialogue National" de 2019 n'a pas réussi à éteindre le feu. Quelle stratégie concrète sera déployée durant ce nouveau mandat pour une résolution politique durable, dépassant l'approche sécuritaire ?
La Question de la Succession : À 92 ans, l'âge du président rend inévitable la question de l'après-Biya. L'absence de dauphin clairement désigné et les rivalités larvées au sein du sérail risquent de créer une période de forte instabilité si la transition n'est pas anticipée de manière apaisée et institutionnelle.
Les Défis Économiques et Sociaux : Malgré un potentiel important, le Cameroun peine à traduire sa croissance macroéconomique en améliorations tangibles pour la majorité de sa population. Le chômage des jeunes, l'inflation, la corruption endémique (dénoncée par des institutions comme Transparency International), et les difficultés d'accès aux services sociaux de base (santé, éducation) sont des bombes à retardement sociales. Comment ce nouveau septennat abordera-t-il la nécessité de diversifier l'économie et de lutter contre la pauvreté structurelle ?
Une Démocratie Sous Pression
Interrogation Clé : Ce huitième mandat sera-t-il celui du verrouillage définitif du système ou, au contraire, celui d'une ouverture progressive qui permettrait de préparer sereinement l'avenir, en associant une jeunesse camerounaise qui aspire à plus de liberté et de justice ?
Le serment d'aujourd'hui, loin d'être un simple acte protocolaire, place le Cameroun à la croisée des chemins. L'attente est immense, tout comme les défis.