Le carburant ne passe plus. Les routes sont des tombeaux. Une capitale de 3,2 millions d'âmes suffoque. Et l'Afrique appelle au secours.
Depuis septembre 2025, le JNIM au Mali impose un cauchemar en temps réel. Un groupe armé de motos et de kalachnikovs – le Jama'at Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM), filiale la plus puissante d'Al-Qaïda au Sahel – étouffe l'économie d'un pays entier par un blocus implacable. Les camions-citernes brûlent sur les routes. Les stations-service affichent "épuisé". Les écoles ferment. L'agriculture s'essouffle. Et la junte militaire, qui avait promis la sécurité, regarde, impuissante, son autorité s'effriter.
Ce dimanche 9 novembre, face à l'intensification des actions du JNIM au Mali, l'Union Africaine a finalement brisé le silence. Mahmoud Ali Youssouf, Président de la Commission, a lancé un appel solennel à la communauté internationale. Un cri d'alarme qui résonne comme un aveu : l'Afrique ne peut plus faire face seule à cette guerre asymétrique qui la dévore de l'intérieur.
JNIM au Mali : Plus de 600 attaques en 2025, et le monde détourne les yeux
Les chiffres du JNIM au Mali glacent le sang. Plus de 600 attaques depuis le début de l'année. Six cents fois que les populations civiles ont tremblé. Six cents fois que l'État malien a montré ses limites.
Dans son communiqué, Mahmoud Ali Youssouf exprime sa "profonde préoccupation face à la détérioration rapide de la situation sécuritaire au Mali, où des groupes terroristes ont imposé un blocus, interrompu l'accès aux biens essentiels et aggravé de manière dramatique la crise humanitaire".
Une crise humanitaire. Pas une simple "instabilité". Pas un "incident sécuritaire". Une crise qui touche chaque Malien, chaque matin, quand il se demande si l'électricité fonctionnera, si les transports circuleront, si l'école de ses enfants ouvrira.
JNIM au Mali : La stratégie de l'asphyxie qui transforme 3,2 millions de personnes en otages
Le JNIM au Mali a compris ce que les armées conventionnelles peinent à saisir : dans un pays enclavé, le pouvoir ne se prend pas par la force brute. Il se gagne en coupant les artères.
Depuis septembre, le JNIM au Mali impose un blocus sur le sud du pays, dont la capitale Bamako, bloquant notamment l'approvisionnement de la ville de 3,2 millions d'habitants en carburant. Les routes reliant Dakar et Abidjan – les poumons du Mali – sont devenues des zones de guerre. Les routiers, en première ligne, paient le prix du sang lors des attaques contre les convois de camions-citernes.
Cette stratégie de blocus déployée par le JNIM au Mali est nouvelle. Le groupe cherche à déstabiliser la junte au pouvoir et déclencher un mécontentement populaire à l'égard du régime d'Assimi Goïta, expliquent les analystes.
Et ça fonctionne. Terriblement.
L'échec d'une junte qui avait tout promis
Retour en 2020. Coup d'État. Le général Assimi Goïta renverse le gouvernement démocratiquement élu avec une promesse simple : éradiquer les jihadistes. Restaurer la sécurité. Rendre sa dignité au Mali.
Cinq ans plus tard, le bilan est accablant. Les actions du JNIM au Mali se sont intensifiées, la violence s'est désormais propagée du nord et du centre vers le sud du pays. Le blocus imposé par le JNIM au Mali depuis septembre 2025 a coupé les routes commerciales, affamé les villes et mis à rude épreuve l'autorité de l'État.
Plus grave encore : la junte a progressivement fragilisé le processus de paix d'Alger signé avec les groupes touaregs avant de le dénoncer en 2024, relançant les hostilités armées. Elle a aussi prolongé la transition jusqu'en 2030, consacrant l'ancrage durable de la junte au pouvoir.
Résultat ? Un pays à genoux, isolé diplomatiquement, incapable de briser un blocus imposé par des hommes armés de motos.
Quand les kalachnikovs surpassent les chars
Comment en est-on arrivé là ? Comment le JNIM au Mali, un groupe armé de moyens rudimentaires, peut-il tenir tête à une armée nationale ?
L'incapacité de l'armée malienne à lever les blocus du JNIM au Mali s'explique par le fait qu'elle mène un conflit irrégulier et asymétrique contre un groupe insurgé mobile et profondément enraciné. Les forces armées maliennes sont structurées pour la guerre conventionnelle, mais elles sont entraînées dans une bataille qui exige de la flexibilité, la maîtrise du renseignement et des capacités de réaction rapide.
Le JNIM au Mali, lui, maîtrise l'art de la guérilla moderne. Ses combattants se déplacent rapidement, utilisant des motos et des armes légères. Ils peuvent frapper rapidement et se replier dans des terrains difficiles avant que les forces de l'État ne puissent réagir.
Pire : dans les zones rurales, l'arrivée de l'armée est souvent perçue non pas comme un retour de l'État, mais comme une intrusion, avec le risque de violations des droits humains. Des décennies de négligence, de corruption et de pratiques abusives ont créé une distance avec les populations locales et affaibli les réseaux de renseignement.
Quand l'État devient l'ennemi du peuple, les jihadistes deviennent des libérateurs. Voilà le paradoxe tragique du Mali.
L'horreur en ligne, quand TikTok devient un théâtre d'exécutions
Une jeune tiktokeuse malienne, enlevée le 6 novembre à Tonka, a été exécutée en public par des jihadistes présumés du JNIM au Mali.
Lisez cette phrase encore une fois. Une créatrice de contenu. Une jeune femme qui partageait peut-être sa vie, sa culture, ses rêves. Enlevée. Exécutée. En public.
Ce détail n'est pas anecdotique. Il dit tout de la stratégie du JNIM au Mali : terroriser, humilier, briser toute forme de résistance culturelle. Les réseaux sociaux, espaces de liberté et de créativité, deviennent des cibles. Les femmes qui osent exister en dehors des normes rigoristes deviennent des exemples à éliminer.
C'est une guerre contre la modernité. Contre le choix. Contre la vie, tout simplement.
L'appel de l'UA : Trop peu, trop tard ?
Le Président de la Commission de l'UA condamne fermement les attaques visant des civils innocents, dénonçant des pertes humaines "inacceptables" et une instabilité croissante.
Il appelle à un renforcement de la coopération, du partage de renseignements et du soutien technique et financier aux États confrontés à ces menaces.
Des mots. Importants, certes. Mais suffisants ?
L'Union Africaine, souvent critiquée pour sa lenteur et son manque de moyens, se retrouve face à un dilemme existentiel. Comment protéger les populations civiles sans s'ingérer dans les affaires intérieures d'un État membre ? Comment mobiliser la communauté internationale dans un contexte où le Mali s'est lui-même isolé en se tournant vers la Russie et en chassant les forces françaises ?
Le Président de la Commission réaffirme la pleine disponibilité de l'Union africaine à accompagner le Mali, ainsi que l'ensemble des pays du Sahel, dans cette phase particulièrement délicate.
Mais accompagner comment ? Avec quels moyens ? Et surtout, avec quelle légitimité, alors que la junte repousse sans cesse les élections et musèle toute opposition ?
JNIM au Mali : Bamako peut-elle tomber ?
C'est la grande peur. L'hypothèse qui glace les chancelleries africaines. Bamako, capitale historique du Mali, aux mains du JNIM au Mali ?
Les experts se veulent rassurants. L'analyse du modus operandi du JNIM au Mali, de sa capacité militaire et de son implantation territoriale montre que le groupe demeure essentiellement limité aux zones rurales, où l'absence des forces de défense et de sécurité lui permet d'exercer une influence relative.
La société bamakoise, attachée à un mode de vie largement incompatible avec l'application d'une vision rigoriste de l'islam, limite l'attrait d'un éventuel contrôle du groupe sur la capitale.
Mais voilà le problème : le JNIM au Mali n'a peut-être pas besoin de prendre Bamako pour la contrôler. Le JNIM au Mali aspire à gouverner une partie du territoire malien et même s'il ne fait pas tomber Bamako, restreindre le pouvoir des militaires dans la capitale et à sa périphérie la plus proche, c'est déjà une conquête énorme sur le plan politique et idéologique.
Un État dans l'État. Un pouvoir parallèle qui impose ses règles, taxe les populations, rend sa justice. Et qui, peu à peu, grignote la légitimité d'un gouvernement militaire incapable de protéger ses citoyens.
Ce que la crise du JNIM au Mali révèle de l'Afrique d'aujourd'hui
Au-delà du Mali, cette crise du JNIM au Mali est un miroir tendu à l'ensemble du continent. Elle expose des fractures profondes :
La faillite des solutions militaires. Partout au Sahel, des juntes ont pris le pouvoir en promettant la sécurité. Niger, Burkina Faso, Mali. Partout, le bilan est le même : plus de coups d'État, mais pas moins d'insécurité.
L'isolement diplomatique suicidaire. En chassant les partenaires occidentaux sans avoir les moyens de les remplacer efficacement, ces régimes se retrouvent seuls face à des ennemis mieux organisés qu'eux.
L'absence de projet politique. Le JNIM au Mali ne propose rien. Aucune vision d'avenir, aucun développement, aucun espoir. Juste la charia, le blocus, la terreur. Et pourtant, il gagne du terrain. Pourquoi ? Parce que face au vide laissé par l'État, même le néant semble préférable.
L'urgence d'une réponse régionale. Le gouvernement militaire doit coopérer avec ses voisins tels que le Sénégal et la Côte d'Ivoire. Plus important encore, la reconquête du territoire doit aller de pair avec le rétablissement de la confiance, la restauration de la gouvernance et la résolution des griefs.
Et maintenant ? Les scénarios possibles
Scénario 1 : La communauté internationale répond. Soutien technique, financier, renseignement partagé, formation des armées. Une coalition régionale coordonnée par l'UA et soutenue par les partenaires internationaux. Possible ? Oui. Probable ? Pas sûr, vu l'isolement du Mali.
Scénario 2 : Le statu quo s'installe. Le blocus devient permanent, l'économie s'adapte tant bien que mal, le pays se fragmente en zones contrôlées par différents acteurs. Le Mali existe toujours sur les cartes, mais plus vraiment dans les faits.
Scénario 3 : L'effondrement. La junte tombe, le chaos s'installe, et le Sahel devient ce que la Syrie fut au Moyen-Orient : un terrain de jeu pour toutes les ambitions, un enfer pour les populations.
Scénario 4 : Le sursaut. Une transition politique réelle, un dialogue national, une réconciliation avec les communautés, une coopération régionale efficace. Le plus souhaitable. Le moins probable.
Les routiers du courage : Ces héros oubliés
Dans cette tragédie, il y a des héros. Silencieux. Ignorés. Les routiers maliens.
Les syndicats de chauffeurs et conducteurs routiers ont été reçus par le Premier ministre de transition. Ils ont exprimé les doléances des convoyeurs en première ligne face aux attaques jihadistes.
Ces hommes qui, chaque jour, prennent la route en sachant qu'ils risquent leur vie. Pour un salaire dérisoire. Pour que Bamako respire encore un peu. Pour que l'économie ne s'effondre pas totalement.
Combien sont morts depuis septembre ? Combien ont été enlevés ? Combien de familles pleurent en silence pendant que les diplomates rédigent des communiqués ?
Eux ne demandent pas grand-chose. Juste de la sécurité. Une couverture sociale. La reconnaissance de leur sacrifice. Le gouvernement malien de transition s'est donné une semaine pour étudier les requêtes des routiers.
Une semaine. Pour répondre à ceux qui risquent leur vie quotidiennement. L'urgence, vraiment ?
L'effet domino : Quand un pays tombe, c'est toute une région qui vacille
Ne vous y trompez pas : ce qui se passe au Mali ne reste pas au Mali. La pénurie de carburant a des conséquences sur la quasi-totalité des secteurs économiques. Le groupe MSC a annoncé la suspension de ses activités au Mali.
Le Burkina Faso et le Niger, déjà fragilisés, regardent vers le sud avec inquiétude. La Côte d'Ivoire et le Sénégal voient leurs routes devenir des champs de bataille. Le Bénin, le Togo, le Ghana sentent la menace se rapprocher.
Le Sahel s'embrase. Et pendant ce temps, le monde discute de géopolitique, d'influences, de sphères d'intérêt. Comme si les 3,2 millions d'habitants de Bamako n'étaient que des pions sur un échiquier.
Ce que nous devons comprendre
Cette crise n'est pas une fatalité africaine. Ce n'est pas la preuve d'une quelconque incapacité des Africains à se gouverner. C'est le résultat de décennies de mauvais choix, de négligence, de corruption, de promesses non tenues.
C'est aussi le fruit d'interventions internationales mal pensées, de stratégies antiterroristes qui ont créé plus de terroristes qu'elles n'en ont éliminé.
Et maintenant, nous sommes là. À un tournant. L'Union Africaine appelle à l'aide. La question est simple : qui répondra ?
Pas pour des intérêts géostratégiques. Pas pour des contrats miniers. Pas pour de l'influence politique.
Mais pour sauver des vies. Pour empêcher qu'une jeune femme ne soit enlevée et exécutée juste parce qu'elle osait exister. Pour que des routiers puissent faire leur travail sans craindre pour leur vie. Pour que des enfants puissent aller à l'école.
La fin de l'histoire reste à écrire
Le JNIM au Mali brûle le pays. L'Afrique observe. Le monde hésite.
D'ici là, les motos et les AK-47 du JNIM au Mali continueront de surpasser les chars et la rhétorique de la junte militienne malienne.
Sauf si. Sauf si nous décidons collectivement que cette histoire mérite mieux qu'une fin tragique. Que le Sahel mérite mieux que d'être le nouveau terrain de jeu des extrémistes. Que les Maliens méritent mieux que d'être les otages de leurs propres dirigeants et du JNIM au Mali.
L'appel de l'Union Africaine face aux actions du JNIM au Mali résonne dans le vide pour l'instant. Combien de temps encore avant que ce vide ne soit rempli par le chaos total ?
Le compte à rebours a commencé. Et chaque jour qui passe sans réponse concrète face au JNIM au Mali est une victoire pour ceux qui imposent le blocus, pour ceux qui enlèvent et exécutent, pour ceux qui veulent voir l'Afrique à genoux.
Il est temps de choisir notre camp. Celui de la vie. Ou celui du silence complice.