Un nouveau rebondissement majeur secoue l’affaire Lucy Letby, l’infirmière britannique condamnée en août 2023 à la prison à perpétuité pour le meurtre de sept nouveau-nés et la tentative d’assassinat de sept autres au sein de l’hôpital Countess of Chester, entre 2015 et 2016. Ce 1er juillet 2025, la police britannique a annoncé l’arrestation de trois anciens hauts responsables de cet établissement hospitalier. Ils sont soupçonnés d’homicide involontaire par négligence grave, relançant les interrogations sur la gestion des alertes internes et les défaillances systémiques qui auraient pu empêcher ces tragédies.
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Arrestations inattendues : trois cadres hospitaliers dans le viseur
La police du Cheshire a confirmé ce mardi matin que trois anciens membres de la direction de l’hôpital Countess of Chester ont été arrêtés. Il s’agit d’un ancien directeur médical, d’un responsable des services néonatals et d’un cadre administratif de haut rang. Les autorités les soupçonnent d’avoir ignoré ou minimisé les signaux d’alerte répétés lancés par plusieurs pédiatres de l’hôpital, concernant la présence suspecte de Lucy Letby lors de décès inexpliqués.
Ces arrestations font suite à une enquête parallèle ouverte en 2023, visant à déterminer les responsabilités au-delà de la seule infirmière. Selon les enquêteurs, des rapports internes inquiétants avaient été rédigés dès 2015, mais aucune mesure disciplinaire n’avait été prise contre Letby jusqu’en juin 2016. Elle avait même été réaffectée à un poste administratif, sans qu’aucune enquête interne ne soit réellement lancée à l’époque.
Un hôpital sous pression et une hiérarchie silencieuse
Lors de son procès en 2023, plusieurs médecins pédiatres avaient témoigné avoir alerté à maintes reprises leur hiérarchie, après une série de morts suspectes survenues lors des gardes de Lucy Letby. Le docteur Stephen Brearey, chef de service à l’époque, avait notamment exprimé sa frustration devant l’inaction de la direction, allant jusqu’à dénoncer une culture du silence, motivée selon lui par la peur de nuire à la réputation de l’établissement.
En dépit des signalements, Letby avait continué d’exercer sans restriction pendant plusieurs mois, période durant laquelle d’autres bébés avaient trouvé la mort. Les récentes arrestations remettent en lumière ces manquements graves. Les familles des victimes espèrent désormais que la justice fera toute la lumière sur les responsabilités institutionnelles dans cette affaire.
Une enquête nationale en cours et un procès attendu
L’affaire Letby, l’une des plus choquantes de l’histoire médicale britannique, avait déjà déclenché une enquête publique de grande ampleur ordonnée par le gouvernement britannique. Cette enquête vise à comprendre non seulement les actes de l’infirmière, mais aussi les failles structurelles du NHS (le service public de santé britannique) dans la gestion des alertes internes.
Avec l’arrestation de ces trois anciens dirigeants, la justice semble vouloir étendre sa vigilance aux chaînes de responsabilité hiérarchique. Les suspects, dont les noms n’ont pas encore été officiellement divulgués, ont été placés en garde à vue dans l’attente d’une éventuelle mise en examen. Leurs auditions devraient permettre d’éclaircir si leur inaction délibérée a contribué à permettre à Letby de continuer à nuire aussi longtemps.
Conclusion
L’affaire Lucy Letby connaît un tournant judiciaire inédit. Deux ans après sa condamnation, l’heure n’est plus seulement à l’analyse des actes individuels, mais aussi à la recherche de responsabilités collectives. Les arrestations de ce 1er juillet 2025 marquent peut-être le début d’un second volet judiciaire, qui pourrait profondément remettre en cause le fonctionnement et la culture de gestion des hôpitaux britanniques. Les familles, en quête de vérité et de justice, espèrent que cette fois, plus personne ne se cachera derrière les murs du silence hospitalier.