Sa stature d’ancien banquier international, son parcours irréprochable à la tête de Credit Suisse ou encore son image de technocrate brillant avaient fait de Tidjane Thiam l’un des espoirs majeurs de l’alternance en Côte d’Ivoire. Pourtant, sa dernière intervention publique a créé la stupeur. Ton agressif, attaques personnelles, propos clivants… La prestation de l’ancien directeur du FMI Afrique et actuel leader du PDCI a choqué jusqu’au sein de son propre camp. Alors que la présidentielle de 2025 approche à grands pas, une question s’impose : Tidjane Thiam est-il prêt à gouverner ou risque-t-il de s’auto-disqualifier ?
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Un discours qui sème le doute sur son tempérament
Lors de sa récente prise de parole, Tidjane Thiam s’est livré à un exercice qui aurait dû le positionner en homme d’État rassembleur. Mais le résultat a pris une toute autre tournure. En l’espace de quelques minutes, il a qualifié certains chroniqueurs d’« imbéciles », ciblé ouvertement Jean-Louis Billon, pourtant cadre du même parti, et lancé plusieurs piques à peine voilées à l’encontre du président Alassane Ouattara.
Le ton était sec, voire agressif, les gestes nerveux, la voix parfois tremblante. Certains observateurs ont évoqué une fébrilité inhabituelle, une irritabilité mal maîtrisée, ou encore une volonté obsessionnelle de recentrer le débat sur sa propre personne, accumulant les « moi je » dans un style plus vindicatif que présidentiel.
Pour plusieurs analystes, cette sortie a été un raté stratégique majeur, à l’heure où l’opinion attend des candidats potentiels une vision, une hauteur de vue et une capacité à rassembler au-delà des clans.
Une stature internationale en décalage avec la réalité politique locale ?
L’un des atouts majeurs de Tidjane Thiam, c’est bien son aura internationale. Diplômé de Polytechnique, passé par McKinsey, le FMI, et dirigeant de grandes banques mondiales, il incarne un profil rare en Afrique de l’Ouest : celui d’un technocrate globalisé, rigoureux et expérimenté. Mais justement, c’est ce profil qui semble aujourd’hui en décalage avec les codes politiques ivoiriens, où les joutes verbales, les jeux d’alliances et la proximité avec les bases restent cruciaux.
Son attitude lors de cette allocution pourrait donc refléter une inexpérience politique de terrain, voire une forme d’amateurisme communicationnel. À trop vouloir incarner la rupture et la rigueur, Tidjane Thiam pourrait se couper d’un électorat populaire qui cherche un leader capable d’écoute, d’humilité et de pédagogie.
Ses partisans y voient une erreur de communication isolée, mais ses opposants s’en servent déjà pour remettre en question sa capacité à diriger dans un contexte de forte tension sociale et politique.
2025 : une présidentielle qui ne pardonnera aucun faux pas
À moins d’un an de l’échéance présidentielle, chaque sortie médiatique devient décisive. Et dans cette course où les leaders se battent autant pour leur image que pour leurs idées, l’attitude de Tidjane Thiam pourrait bien jouer contre lui. Dans un pays marqué par des traumatismes électoraux récents, les Ivoiriens sont à la recherche de stabilité, de cohérence et de dialogue, pas de divisions.
Reste à voir si l’ancien banquier saura corriger le tir. Ses soutiens évoquent une prochaine allocution d’apaisement, et rappellent que son expérience, son sérieux et sa vision économique restent des atouts majeurs face à une majorité jugée vieillissante. Mais le mal est fait : Tidjane Thiam devra désormais prouver qu’il peut contrôler ses nerfs autant que le pays.
Conclusion
Icône de l’élite financière mondiale, Tidjane Thiam incarne à la fois l’espoir d’un renouveau technocratique et les limites d’un outsider politique. Sa récente sortie musclée n’a pas seulement surpris, elle a ébranlé l’image policée qu’il s’était construite. Présidentiable ou incontrôlable ? La question est posée, et c’est au peuple ivoirien qu’il reviendra d’y répondre dans les urnes.
