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Programme ADO 2025-2030 : des rêves à plusieurs milliers de milliards : qui paiera la facture ?

Publié le 10 octobre 2025Politique0 vues
Programme ADO 2025-2030 : des rêves à plusieurs milliers de milliards : qui paiera la facture ?

Soixante-quatre pages. Des centaines de promesses. Des chiffres qui donnent le vertige : 150 000 logements, 50 000 ingénieurs formés, un TGV, un métro, trois data centers, un satellite, 827 000 ménages sous filets sociaux, la CMU universelle... Le programme présidentiel d'Alassane Ouattara pour 2025-2030 ressemble à une liste de courses déposée sur le comptoir d'un guichet bancaire. Sauf qu'aucun chiffre n'accompagne la facture totale.

Comment la Côte d'Ivoire financera-t-elle simultanément la construction d'un train à grande vitesse Abidjan-Bouaké (coût estimé à plus de 1 000 milliards de FCFA), le recrutement massif de 70 000 agents de santé, l'extension de la couverture maladie universelle à 80% de la population, et la réalisation de 35 000 km de routes en terre revêtues ?

Le document reste muet. Pas de budget global. Pas de calendrier de décaissement. Pas de sources de financement détaillées. Juste une foi inébranlable dans la capacité miraculeuse de l'État ivoirien à tout faire, partout, en même temps.

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1. Manque de chiffrage financier précis

Le programme présente des centaines de promesses ambitieuses (150 000 logements, 50 000 ingénieurs, 827 000 ménages sous filets sociaux, etc.) sans indiquer le coût global ni les sources de financement détaillées. Comment financer simultanément :

  • Des infrastructures massives (métro, TGV, ports, routes)
  • L'expansion de la fonction publique (44 330 infirmiers, 22 647 sages-femmes, 2 971 médecins)
  • La CMU universelle (80% de la population)
  • Les subventions agricoles

2. Objectifs contradictoires

  • Promesse d'augmenter les dépenses publiques (santé, éducation, infrastructures) tout en voulant maintenir la stabilité macroéconomique
  • Vouloir attirer les IDE tout en imposant un "contenu local obligatoire" et des quotas qui peuvent effrayer les investisseurs
  • Prôner la décentralisation tout en renforçant le contrôle central (contrats de performance, évaluation, digitalisation centralisée)

3. Absence de calendrier réaliste

Le programme liste des centaines de projets sur 5 ans sans priorisation ni séquençage. Exemples irréalistes :

  • Construire 9 universités + 28 centres de service civique + cité olympique + lycées sport-études simultanément
  • Électrifier 100% du territoire + déployer la 5G partout + 3 data centers d'ici 2030
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4. Indicateurs peu crédibles

Certains objectifs semblent déconnectés de la réalité :

  • Passer de 6,2% à 15% d'effectifs dans l'enseignement technique en 5 ans (plus que doubler)
  • Atteindre 90% d'accès à l'eau alors que la progression actuelle est lente
  • Former 1 000 médecins spécialisés alors que le système de formation actuel en produit une fraction

Failles sectorielles

Éducation

  • Contradiction : Vouloir digitaliser 50% des cours au collège/lycée alors que l'accès à Internet n'est que de 40,8%
  • Programme "Excellence 1000" : Envoyer 1 000 étudiants à l'étranger chaque année coûte très cher et peut accentuer la fuite des cerveaux
  • Pas de plan pour la qualité pédagogique actuelle (classes surchargées, enseignants mal formés)

Santé

  • Recrutement massif (près de 70 000 agents de santé) sans expliquer comment former, rémunérer et équiper ces personnels
  • CMU universelle : Coût faramineux non chiffré, risque de système déficitaire chronique
  • Infrastructure : Construire des hôpitaux sans médecins spécialisés suffit-il ?

Agriculture

  • Prix garantis aux producteurs (2 800 FCFA pour le cacao) : Comment financer durablement ces subventions ?
  • 5 pôles agro-industriels sans préciser qui les construira ni comment attirer les investisseurs privés
  • Mécanisation : Qui fournira les tracteurs ? À quel prix ? Avec quels crédits ?

Industrialisation

  • Taux de transformation locale : 50% cacao, 70% anacarde, 100% hévéa d'ici 2030 - totalement irréaliste sans investissements massifs déjà engagés
  • Assemblage automobile : Annoncé sans partenaires identifiés ni stratégie concrète
  • Fonds d'investissement industriel : Montant et gouvernance non précisés

Infrastructures

  • TGV Abidjan-Bouaké : Projet pharaonique (coût estimé > 1 000 milliards FCFA) sans étude de rentabilité
  • Métro ligne 1 de 37 km : Déjà en retard et en dépassement budgétaire
  • 3 data centers + satellite : Coûts et pertinence non justifiés (la CI peut-elle se payer un satellite ?)
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Failles politiques et sociales

1. Silence sur les tensions politiques

Le programme évoque la "cohésion sociale" mais ignore totalement :

  • Les tensions post-électorales récurrentes
  • L'exclusion de l'opposition des institutions
  • Les questions de citoyenneté et d'éligibilité qui divisent

2. Absence de mesures anti-corruption concrètes

Malgré un discours sur la "bonne gouvernance", aucune réforme judiciaire forte, aucun mécanisme de contrôle indépendant n'est détaillé. La simple mention de "contrats de performance" ne suffit pas.

3. Démantèlement des oligopoles : vague et non crédible

Le programme promet de "démanteler les oligopoles et cartels" mais :

  • Sans nommer les secteurs concernés
  • Sans expliquer comment (nationalisation ? Régulation ? Taxes ?)
  • Sans préciser le calendrier

4. Inégalités régionales persistantes

Malgré le discours sur les "pôles économiques régionaux", le programme reste très abidjanais-centrique (métro, port, aéroport, zones industrielles). Les promesses pour l'intérieur sont génériques.

Failles environnementales

  • Contradiction flagrante : Promettre de "réduire les émissions de GES" tout en :
    • Construisant un TGV (très énergivore)
    • Développant l'industrie lourde
    • Augmentant la production énergétique à 5 000 MW (majoritairement fossile ?)
  • Déforestation : Aucune mesure forte pour stopper la destruction des forêts malgré les chiffres alarmants

Quand les mathématiques deviennent de la poésie

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Prenons quelques exemples qui défient l'arithmétique élémentaire. Le programme promet de faire passer le taux d'effectifs dans l'enseignement technique de 6,2% à 15% en cinq ans. C'est plus que doubler. Dans un système éducatif où les infrastructures actuelles peinent déjà à absorber les flux existants, où sont les ateliers ? Où sont les formateurs techniques ? Où sont les partenariats avec les entreprises ?

Autre promesse vertigineuse : former 1 000 médecins spécialisés dans des domaines prioritaires. La Côte d'Ivoire forme actuellement quelques dizaines de spécialistes par an. Multiplier ce chiffre par dix ou vingt en cinq ans nécessiterait une révolution complète du système universitaire médical. Aucune explication sur comment y parvenir.

Le programme veut également transformer localement 50% du cacao, 70% de l'anacarde et 100% de l'hévéa d'ici 2030. Objectif louable, mais totalement irréaliste sans des investissements industriels massifs déjà engagés aujourd'hui. Or, rien n'indique que ces usines de transformation soient en construction ou même planifiées concrètement.

L'art de promettre l'impossible sans rougir

Le summum de l'audace se trouve dans les infrastructures numériques. Le programme annonce la construction de trois data centers nationaux, le déploiement d'un satellite de télécommunications, la couverture 5G totale du territoire, et la digitalisation de 50% des cours au collège et lycée.

Petit problème : seulement 40,8% des Ivoiriens utilisent Internet actuellement. Comment digitaliser l'éducation quand près de 60% de la population n'a pas accès au web ? Et pourquoi la Côte d'Ivoire aurait-elle besoin d'un satellite propre quand elle peut louer des capacités à moindre coût ?

Le programme présidentiel semble fonctionner sur un principe simple : si ça existe ailleurs dans le monde, promettons-le aussi. TGV ? Coché. Satellite ? Coché. Intelligence artificielle ? Coché. Peu importe si le pays n'a ni les moyens, ni l'expertise, ni la demande justifiant de tels investissements pharaoniques.

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Les contradictions qui tuent la crédibilité

Le document fourmille de promesses contradictoires qui s'annulent mutuellement. On veut attirer les investissements directs étrangers tout en imposant un "contenu local obligatoire" avec des quotas de sous-traitance nationale. On prône la décentralisation tout en renforçant le contrôle central via des contrats de performance et une digitalisation centralisée. On parle de réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en construisant un TGV énergivore et en développant l'industrie lourde.

Le plus croustillant reste cette promesse de "démanteler les oligopoles et cartels économiques" pour favoriser la concurrence. Aucun secteur n'est nommé. Aucune méthode n'est expliquée. Aucun calendrier n'est précisé. C'est du virtue signaling à l'état pur : on dit ce que les gens veulent entendre sans jamais s'engager sur le comment.

Autre oxymore savoureux : le programme veut "rendre opérationnel" le Fonds d'Insertion des Personnes en Situation de Handicap. Traduction : le fonds existe déjà, mais il ne fonctionne pas. Promettre de le rendre opérationnel, c'est avouer l'échec passé tout en demandant un nouveau mandat pour corriger ses propres défaillances.

La Couverture Maladie Universelle : un gouffre financier non assumé

L'extension de la CMU à 80% de la population d'ici 2030 constitue sans doute la promesse la plus coûteuse et la moins documentée du programme. Les systèmes de santé universels coûtent des fortunes même dans les pays riches. Au Ghana, le National Health Insurance Scheme est chroniquement déficitaire. Au Rwanda, le système repose sur un financement externe massif.

Comment la Côte d'Ivoire financera-t-elle une CMU universelle alors que ses recettes fiscales plafonnent à 15% du PIB (objectif : 18% en 2030) ? Le programme promet également de recruter près de 70 000 agents de santé supplémentaires. À supposer un salaire moyen de 200 000 FCFA par mois (très conservateur), cela représente 14 milliards FCFA mensuels, soit 168 milliards par an, rien qu'en masse salariale, sans compter la formation, l'équipement et les infrastructures.

Mais peut-être que ces chiffres n'ont aucune importance. Après tout, dans ce programme, les mathématiques semblent optionnelles.

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Agriculture : des promesses déjà vues et jamais tenues

Le secteur agricole bénéficie d'un traitement de faveur dans le programme. Cinq pôles agro-industriels régionaux seront créés à Bouaké, Korhogo, San Pedro, Daloa et Bondoukou. On mécanisera l'agriculture. On développera l'irrigation. On transformera les paysans en "agripreneurs modernes".

Tout cela a déjà été promis. À plusieurs reprises. Depuis 2011. Les résultats sur le terrain restent timides. La mécanisation agricole est quasi inexistante (moins de 1% des exploitations). Les systèmes d'irrigation couvrent une portion infime des surfaces cultivables. Les prix garantis aux producteurs (2 800 FCFA pour le cacao) ne sont soutenables qu'avec des subventions massives qui grèvent le budget de l'État.

Le programme promet de "transformer les paysans en entrepreneurs agricoles modernes" en leur donnant accès aux "outils et techniques modernes de production – tracteurs, système d'irrigation, usage d'engrais". Magnifique. Qui fournira ces tracteurs ? À quel prix ? Avec quels crédits ? Quel encadrement technique ? Le document reste silencieux.

Le TGV et le métro : quand le prestige l'emporte sur la raison

La construction d'un Train à Grande Vitesse entre Abidjan et Bouaké représente l'archétype du projet pharaonique sans justification économique claire. Un TGV coûte entre 15 et 25 millions d'euros par kilomètre. Pour les 350 km séparant Abidjan de Bouaké, on parle d'un investissement dépassant allègrement les 1 500 milliards de FCFA.

Quelle demande justifie un tel investissement ? La liaison existe déjà par route (moins de 4 heures) et pourrait être améliorée pour une fraction du coût. Le fret ferroviaire serait-il suffisant pour rentabiliser l'infrastructure ? Aucune étude de rentabilité n'est mentionnée dans le programme.

Quant au métro d'Abidjan ligne 1 (37 km), déjà en construction, il accumule retards et dépassements budgétaires. Le promettre à nouveau dans un programme 2025-2030 relève soit de l'optimisme délirant, soit de l'aveu d'échec déguisé.

Ces projets sentent le complexe du monument, cette tentation des dirigeants africains de marquer l'histoire par des infrastructures spectaculaires, peu importe leur utilité réelle ou leur soutenabilité financière.

Éducation : digitaliser avant d'électrifier ?

Le programme veut faire de la Côte d'Ivoire une nation de talents en digitalisant massivement l'éducation. Objectif : 50% des cours au collège et lycée accessibles en ligne. Problème : de nombreuses zones rurales n'ont ni électricité stable ni connexion Internet.

On promet également l'installation de "points d'accès Wi-Fi publics gratuits" dans toutes les écoles et universités publiques. Qui paiera les abonnements mensuels ? Qui assurera la maintenance ? Qui formera les enseignants à l'utilisation pédagogique du numérique ? Ces questions triviales semblent ne pas avoir effleuré les rédacteurs du programme.

Autre promesse : le Programme "Excellence 1000" pour envoyer les 1 000 meilleurs bacheliers étudier à l'étranger chaque année. Coût estimé : au moins 20 millions de FCFA par étudiant sur quatre ans, soit 20 milliards par an. Et combien reviendront vraiment travailler en Côte d'Ivoire ? L'expérience des programmes similaires ailleurs en Afrique montre un taux de retour dérisoire.

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Le silence assourdissant sur les vraies questions

Ce qui frappe le plus dans ces 64 pages, c'est ce qui n'y figure pas. Aucune mention des tensions politiques récurrentes qui minent la cohésion nationale. Aucune réforme judiciaire forte pour lutter contre la corruption endémique. Aucun plan concret pour réduire les inégalités régionales criantes entre Abidjan et l'intérieur du pays.

Le programme évoque pudiquement le "renforcement de la cohésion sociale" sans jamais nommer les véritables fractures : les questions de citoyenneté, l'exclusion de pans entiers de l'opposition, les clivages Nord-Sud qui resurgissent à chaque élection.

Sur la corruption, malgré les discours, le programme se contente de formules creuses : "généraliser les codes de transparence", "promouvoir une culture de fierté et d'honneur". Aucun mécanisme de contrôle indépendant. Aucune réforme de la justice pour la rendre vraiment autonome. Aucune protection renforcée des lanceurs d'alerte.

Environnement : greenwashing en grande pompe

Le pilier environnemental du programme mériterait un prix de l'hypocrisie. On promet de "réduire les émissions de GES" et de "renforcer la résilience climatique" tout en planifiant une industrialisation massive, la construction d'infrastructures énergivores (TGV, métro, zones industrielles), et l'augmentation de la production énergétique à 5 000 MW (majoritairement fossile).

Sur la déforestation, fléau majeur du pays, les mesures proposées sont d'une timidité confondante : "formaliser le cadre institutionnel de la filière bois-énergie", "créer un Fonds national pour la faune". Rien de contraignant. Rien qui empêchera concrètement la destruction continue des forêts classées.

La "taxonomie du pays pour accélérer la transition vers une économie verte" sonne bien dans un programme, mais sans décisions politiques courageuses – arrêt des exploitations illégales, sanctions dissuasives, reconversion des acteurs – ce ne sont que des mots.

Les chiffres qui ne trompent pas : la dispersion fatale

Le programme liste plus de 200 actions concrètes réparties sur six piliers stratégiques. C'est trop. Beaucoup trop. Aucun pays, aussi riche soit-il, ne peut mener de front autant de réformes et de projets en cinq ans.

L'effet prévisible de cette dispersion ? Des réalisations partielles, des chantiers abandonnés à mi-parcours, des "éléphants blancs" coûteux et inutilisés, une dette publique croissante, et une frustration généralisée face aux promesses non tenues.

La Côte d'Ivoire aurait besoin d'un programme concentré sur cinq ou dix priorités absolues, financées de manière réaliste, avec des indicateurs de résultats clairs et des mécanismes de redevabilité. Au lieu de cela, elle obtient un catalogue de vœux pieux où tout est prioritaire, donc rien ne l'est vraiment.

Qui sera tenu responsable en cas d'échec ?

La question centrale, absente du programme, est celle de la redevabilité. Que se passera-t-il si les objectifs ne sont pas atteints ? Si le TGV n'est pas construit ? Si la CMU universelle reste un mirage ? Si les 50 000 ingénieurs ne sont pas formés ? Si les oligopoles ne sont pas démantelés ?

Un programme sérieux inclurait des jalons précis, des évaluations annuelles indépendantes, des sanctions en cas de non-performance, et une communication transparente sur les échecs comme sur les réussites. Ici, rien de tout cela. Juste une longue liste de promesses sans engagement ferme ni responsabilité assumée.

Le vrai défi : choisir plutôt que tout promettre

La Côte d'Ivoire a des atouts indéniables : une stabilité relative, une croissance économique soutenue depuis 2011, des infrastructures qui s'améliorent, un secteur privé dynamique. Mais ces acquis risquent d'être dilapidés dans la poursuite de projets démesurés, mal financés, et politiquement motivés plutôt qu'économiquement justifiés.

Le pays aurait besoin d'un programme qui ose dire : "Voici nos trois priorités absolues pour les cinq prochaines années. Le reste attendra." Par exemple :

  1. Éducation de qualité : concentrer les ressources sur la formation des enseignants, la réduction des effectifs par classe, et l'adéquation formation-emploi plutôt que multiplier les universités sans moyens.
  2. Santé de base accessible : garantir un accès réel aux soins primaires dans toutes les régions avant de rêver de CMU universelle.
  3. Agriculture productive : mécaniser vraiment, irriguer concrètement, transformer localement plutôt que créer des "pôles agro-industriels" qui n'existent que sur le papier.

Mais un tel programme, honnête et réaliste, ne fait pas rêver. Il ne fait pas vibrer les foules. Il n'offre pas de TGV rutilant ni de satellite national.

Un programme ou un manifeste pour l'éternité ?

Il y a quelque chose de profondément révélateur dans ce programme 2025-2030 : il ressemble moins à un plan d'action quinquennal qu'à un testament politique, une liste de tout ce qu'un président aimerait accomplir s'il avait l'éternité devant lui et des ressources infinies.

C'est l'expression d'une ambition démesurée, certes louable dans son principe, mais dangereuse dans son exécution. Car gouverner, c'est choisir. Et choisir, c'est renoncer. Dire "Nous ferons tout, partout, pour tout le monde, en même temps" n'est pas un programme. C'est un vœu pieux.

Les Ivoiriens méritent mieux que des promesses spectaculaires vouées à l'échec. Ils méritent un contrat clair, honnête, financé, séquencé, avec des responsabilités assumées. Ils méritent qu'on leur dise la vérité : non, tout ne sera pas possible en cinq ans. Mais voici ce que nous ferons, vraiment, concrètement, et comment nous y arriverons.

Ce programme 2025-2030 ne répond pas à cette attente. Il perpétue une tradition politique africaine décevante : promettre la lune, livrer des cailloux, et recommencer au cycle suivant.

La Côte d'Ivoire mérite-t-elle ce destin, ou osera-t-elle enfin exiger de ses dirigeants le courage de la modestie, de la priorisation, et de la redevabilité ?

La réponse appartient aux Ivoiriens. Mais pour l'instant, ce programme ressemble davantage à un écran de fumée qu'à une feuille de route. Et les fumées, aussi épaisses soient-elles, finissent toujours par se dissiper.

Des questions auxquelles nous aurons certainement pas de réponse

Ce programme souffre d'un excès de promesses, d'un manque de réalisme budgétaire, et d'une absence de priorisation. Il ressemble davantage à un catalogue de vœux qu'à une feuille de route opérationnelle.

Les vraies questions non répondues :

  1. Où est l'argent ?
  2. Quelle est la priorité absolue ?
  3. Comment mesurer les résultats ?
  4. Qui sera tenu responsable en cas d'échec ?

Le risque majeur : La dispersion des ressources sur trop de projets, aboutissant à des réalisations partielles, des éléphants blancs, et une dette publique croissante.

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