Le gouvernement nigérian a procédé à l’expulsion de 51 ressortissants étrangers — 50 Chinois et un Tunisien — tous reconnus coupables d’activités liées à la cybercriminalité et au cyberterrorisme, dans ce qui s’annonce comme l’une des plus vastes opérations de répression numérique menée sur le continent africain ces dernières années.
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Une campagne de grande envergure
L’opération, conduite par la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC) en collaboration avec le Service nigérian de l’immigration (NIS), a débuté le 15 août 2025 à Lagos, centre économique du pays et épicentre présumé des activités frauduleuses.
À la suite de raids coordonnés, 192 personnes ont été arrêtées, et 102 d’entre elles ont été expulsées à ce jour. Ces chiffres illustrent la dimension internationale et la complexité des réseaux de cybercriminalité implantés sur le territoire nigérian.
“Il s’agit d’une démonstration claire de notre détermination à démanteler les réseaux criminels, quel que soit leur passeport,” a déclaré un porte-parole de l’EFCC.
Des méthodes sophistiquées
Selon les éléments recueillis par les enquêteurs, les réseaux opéraient à partir de centres dissimulés dans Lagos, utilisant des techniques de phishing, de faux investissements en cryptomonnaies, et de fraudes bancaires numériques ciblant des victimes principalement aux États-Unis, au Canada, au Mexique et en Europe.
Ces groupes recrutaient également des complices nigérians, souvent jeunes et formés aux technologies, pour exécuter les fraudes ou gérer la logistique sur le terrain.
Un impact diplomatique attendu
Si les autorités nigérianes n’ont pas communiqué les peines judiciaires exactes ou les détails des procédures ayant précédé les expulsions, l’opération a d’ores et déjà attiré l’attention des chancelleries étrangères.
La Chine et la Tunisie, dont les ressortissants sont directement concernés, n’ont pas encore émis de déclaration officielle. Des analystes estiment que l’absence de communication publique pourrait indiquer une gestion discrète de la crise à des fins diplomatiques.
Des questions toujours en suspens
Plusieurs zones d’ombre persistent autour de cette opération :
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Quelle a été la procédure judiciaire exacte ? Certains suspects ont-ils été jugés, ou l’expulsion a-t-elle été décidée à titre administratif ?
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Quels liens précis existaient entre ces individus et les réseaux cybercriminels nigérians ?
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Comment l’EFCC a-t-elle localisé ces cellules numériques étrangères dans un Lagos en constante expansion ?
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Quelles garanties ont été prises pour éviter que ces groupes ne se reconstituent ailleurs ?
Autant de questions qui alimentent le débat sur la capacité du Nigeria à non seulement démanteler, mais aussi prévenir la cybercriminalité à long terme.
Une volonté politique affichée
Malgré le flou sur certains aspects opérationnels, les autorités nigérianes affirment vouloir renforcer la cybersécurité nationale. Cette opération s’inscrit dans une série d’initiatives visant à reprendre le contrôle d’un espace numérique devenu trop permissif.
Le président Bola Tinubu a récemment évoqué la nécessité de doter les forces de sécurité d’outils de cybersurveillance avancés et de réformer la législation sur les cybercrimes, afin d’intensifier la répression contre les criminels — qu’ils soient locaux ou étrangers.
Une alerte pour l’Afrique
Cette vague d’expulsions massive illustre non seulement la vulnérabilité du Nigeria face aux réseaux de cybercriminalité étrangers, mais aussi son engagement croissant à lutter contre ce fléau. Toutefois, sans une coopération internationale renforcée et des investissements substantiels dans l’éducation numérique, la cybersécurité reste un champ de bataille fragile pour un pays qui aspire à devenir une puissance technologique africaine.