L'affaire judiciaire impliquant Constant Mutamba, ancien ministre d'État à la Justice de la RDC, est entrée dans une phase décisive. La prochaine audience du procès était fixée au 13 août 2025, marquant une étape importante dans cette affaire qui secoue le paysage politique congolais depuis plusieurs mois.
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Les véritables accusations : détournement de fonds publics
Constant Mutamba est accusé d'avoir détourné 19 millions de dollars dans le cadre d'un projet de construction d'une prison à Kisangani. Il est également poursuivi dans ce même dossier pour détournement des fonds alloués pour la réparation des victimes de la guerre des six jours opposant les armées ougandaise et rwandaise sur le sol congolais du 5 au 10 juin 2000.
Le procureur général a évoqué lors des audiences "des techniques de prédateurs" dans sa présentation du dossier devant la Cour de cassation.
Un parcours politique complexe, pas un simple opposant
En décembre 2024, le ministre d'État en charge de la Justice et son parti politique NOGEC ont rejoint le camp du Président Félix-Antoine Tshisekedi, soutenant notamment les réformes constitutionnelles.
Son parcours politique montre plusieurs changements d'alliance : proche de Joseph Kabila avec le FCC, il a ensuite quitté cette famille politique en novembre 2021 pour fonder la DYPRO, se réclamant alors de "l'opposition républicaine". Il s'est présenté comme candidat à la présidentielle de 2023 avec le slogan "Rupture 2023".
La défense clame l'innocence
Constant Mutamba affirme que "les 19,9 millions de dollars pour lesquels il est poursuivi sont bel et bien à la banque" et qu'il "n'a jamais pris un seul dollar". Sa défense dénonce ce qu'elle qualifie de "cabale" politique, transformant le procès en tribune.
La Cour de cassation a dû examiner les exceptions soulevées par la défense, qui conteste notamment la régularité de la procédure.
Un procès à enjeux multiples
Cette affaire dépasse le cadre judiciaire habituel. Des juristes analysent ce procès comme "révélateur d'une justice en crise systémique en RDC", soulevant des questions sur l'indépendance du système judiciaire congolais.
Le calendrier judiciaire a connu plusieurs reports, la cause ayant été renvoyée au 23 juillet 2025 avant la fixation de l'audience du 13 août.
Un test pour les institutions
Au-delà du sort personnel de l'accusé, ce procès constitue un test pour la crédibilité des institutions judiciaires congolaises. Il intervient dans un contexte politique tendu, où les questions de gouvernance et de lutte contre la corruption occupent une place centrale dans le débat public.
L'issue de cette affaire pourrait avoir des répercussions importantes sur la perception de l'État de droit en RDC et sur les relations entre pouvoir exécutif et justice.