Après plusieurs reports, la monnaie unique de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) voit enfin le bout du tunnel. Omar Alieu Touray, président de la Commission de la CEDEAO, a officialisé à Banjul le lancement de l'Eco pour 2027, marquant un tournant décisif dans l'intégration monétaire ouest-africaine.
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Un changement de paradigme : "Commencer avec les pays prêts"
Fini l'attente que tous les États membres remplissent simultanément les critères de convergence. Lors de sa rencontre avec le président gambien Adama Barrow, Touray a annoncé une approche révolutionnaire : « L'idée est de lancer la monnaie unique avec ceux qui sont prêts. Ceux qui ont besoin de plus de temps seront soutenus. »
Cette stratégie pragmatique rompt avec des années d'immobilisme et ouvre la voie à un lancement échelonné, permettant aux pays retardataires de rejoindre progressivement la zone monétaire.
Les obstacles qui freinent encore certains pays
Les critères de convergence restent exigeants : stabilité budgétaire, inflation contrôlée, dette publique soutenable et réserves de change suffisantes. Ces indicateurs, bien que nécessaires pour garantir la stabilité monétaire, ont constitué le principal frein au projet depuis son annonce initiale.
La nouvelle approche permet de contourner cet écueil tout en maintenant l'objectif d'une zone monétaire stable et performante.
Des enjeux économiques majeurs pour l'Afrique de l'Ouest
L'Eco représente bien plus qu'une simple monnaie commune. Cette initiative vise à :
- Fluidifier les échanges commerciaux intra-régionaux
- Réduire drastiquement les coûts de transaction
- Attirer massivement les investissements internationaux
- Créer un marché régional compétitif à l'échelle mondiale
Les défis du succès
Le lancement progressif de l'Eco devra surmonter trois défis cruciaux :
La coordination institutionnelle entre les banques centrales nationales et la future Banque centrale régionale sera déterminante pour maintenir la cohérence monétaire.
L'adhésion populaire constitue un enjeu vital. Sans la confiance des citoyens et des acteurs économiques, aucune monnaie ne peut prospérer.
L'accompagnement des retardataires reste essentiel pour éviter une fragmentation définitive de l'espace économique ouest-africain.
Une ambition enfin concrétisée
Cette décision marque l'aboutissement de décennies d'efforts vers l'intégration monétaire ouest-africaine. En abandonnant le principe du "tout ou rien", la CEDEAO démontre sa capacité d'adaptation et sa détermination à faire de l'Eco une réalité.
Le pari est audacieux mais nécessaire : transformer un rêve panafricain en levier concret de développement économique régional. Rendez-vous en 2027 pour mesurer l'ampleur de cette révolution monétaire.