Le 10 septembre 2025 restera marqué comme l'une des journées de mobilisation les plus intenses de l'année en France. Partout sur le territoire, des milliers de citoyens ont répondu à l'appel du mouvement "Bloquons tout", paralysant partiellement le pays pour protester contre le projet de budget 2026 jugé trop austéritaire. Cette mobilisation intervient dans un contexte politique tendu, avec la nomination surprise de Sébastien Lecornu comme nouveau Premier ministre, succédant à François Bayrou renversé par l'Assemblée nationale.
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Un mouvement citoyen né sur les réseaux sociaux
"Bloquons tout" est un mouvement citoyen né sur les réseaux sociaux qui appelle à "bloquer le pays" pour protester contre le plan budgétaire de 2026. Ce mouvement aux contours flous, qui rappelle celui des Gilets jaunes, s'organise autour du triptyque "Boycott, désobéissance et solidarité".
L'appel présenté comme "citoyen" a reçu le soutien de toute la gauche politique, LFI en tête qui demande "la grève générale". Cependant, plusieurs organisations syndicales restent prudentes face à cette initiative qui "peine encore à rassembler".
Mobilisation massive et dispositif sécuritaire renforcé
Face à l'ampleur annoncée de la mobilisation, l'État a déployé un dispositif sécuritaire d'exception. 80 000 policiers and gendarmes sont mobilisés sur l'ensemble du territoire pour faire face aux différentes actions prévues.
Les manifestants se sont mobilisés dès l'aube dans plusieurs secteurs clés :
Secteur de la santé
Quatre syndicats de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), CGT, FO, CFTC et UNSA, appellent à la mobilisation contre le plan d'économies qui prévoit 5,5 milliards d'euros d'économies pour les hôpitaux publics sur les 43,8 milliards d'euros d'économies du budget 2026.
Secteur éducatif
Le ministère a recensé 6,5% de grévistes dans le secondaire, avec 27 établissements scolaires bloqués et une centaine d'autres perturbés en France selon les derniers décomptes officiels.
Blocages et perturbations
Plusieurs rassemblements mais aussi des blocages de ronds-points ont eu lieu, les premières mobilisations ayant débuté à l'aube, notamment à Clermont-Ferrand. Les axes de transport, notamment routiers et ferroviaires, connaissent des perturbations significatives dans plusieurs régions.
Un contexte politique explosif
Cette journée de mobilisation intervient à un moment particulièrement tendu de la vie politique française. Emmanuel Macron a nommé Sébastien Lecornu Premier ministre mardi 9 septembre, pour succéder à François Bayrou, qui lui a remis sa démission après sa chute à l'Assemblée nationale.
La passation de pouvoir entre François Bayrou et Sébastien Lecornu s'est déroulée ce mercredi à midi à Matignon, en pleine crise sociale. Sébastien Lecornu devient ainsi le cinquième chef du gouvernement depuis le début du second quinquennat d'Emmanuel Macron.
Les revendications au cœur du conflit
Les manifestants dénoncent un budget 2026 qu'ils jugent socialement injuste, avec notamment :
- Des coupes budgétaires massives dans les services publics
- Le gel programmé de certaines prestations sociales
- Des mesures d'austérité touchant les secteurs essentiels comme la santé et l'éducation
Au moins 300 militants se sont réunis à Montpellier le 2 septembre 2025, issus de la société civile et de secteurs professionnels fragilisés par le nouveau budget, afin de s'approprier localement l'organisation des blocages.
Une organisation décentralisée
Contrairement aux mouvements syndicaux traditionnels, "Bloquons tout" se caractérise par une organisation horizontale et décentralisée. Le mouvement se traduit notamment par des appels sur les réseaux sociaux ou via messageries, à rassemblements, blocages ou opérations péages gratuits.
Cette structure rend plus difficile la négociation avec les autorités, mais permet une plus grande réactivité et une mobilisation rapide sur l'ensemble du territoire.
Réactions politiques contrastées
La classe politique reste divisée face à cette mobilisation. Alors que la gauche soutient largement le mouvement, le RN considère que c'est la "dernière cartouche du Macronisme", tandis que LFI a annoncé déposer une motion contre le nouveau gouvernement.
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu veut croire qu'"on va y arriver" et a annoncé son intention de recevoir les forces politiques et syndicales "dans les tout prochains jours".
Enjeux et perspectives
Cette journée du 10 septembre 2025 marque un tournant dans la contestation sociale en France. Le succès relatif de la mobilisation "Bloquons tout" pourrait encourager d'autres initiatives citoyennes similaires et remettre en question les méthodes traditionnelles de dialogue social.
Pour le nouveau gouvernement Lecornu, l'enjeu est de taille : trouver rapidement une voie de sortie de crise tout en maintenant les objectifs budgétaires fixés. Raphaël Glucksmann estime que Sébastien Lecornu "devra accepter des politiques (très) éloignées de ce qui fut fait jusque là".
Bilan provisoire et suite des événements
Les premières heures de mobilisation confirment l'ampleur du mouvement. À la mi-journée, les forces de l'ordre font état de 17 interpellations dans les seules Pyrénées-Atlantiques, témoignant de la tension qui règne sur certains points de blocage. La capacité du mouvement "Bloquons tout" à maintenir la pression dans la durée et l'aptitude du nouveau gouvernement à proposer des réponses crédibles constitueront les enjeux majeurs des prochains jours.
Cette mobilisation rappelle que malgré la succession des crises politiques, la question sociale reste au cœur des préoccupations françaises et continue de mobiliser massivement au-delà des clivages partisans traditionnels.