Le Préfet d'Abidjan, Andjou Koua, a officiellement annoncé l'annulation de la marche pacifique organisée par le Front Commun PDCI/PPACI, initialement prévue le 2 août 2025. Cette décision, motivée par des contraintes sécuritaires et logistiques, intervient dans un contexte de tensions politiques autour de l'exclusion de figures clés de la liste électorale.
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Une interdiction annoncée après négociations
L'annulation a été déclarée le 29 juillet à 12h52 GMT, suite à une réunion organisée à 10h au Cabinet du Préfet. Cette rencontre a réuni les représentants des partis concernés, notamment le député Dia Houphouët pour le PDCI-RDA, des délégués du PPA-CI, ainsi que des responsables de la police et de la gendarmerie.
La marche, notifiée le 25 juillet par Damana Adia Pickass, Coordinateur Général du Front Commun, devait partir de Carrefour Solibra à Marcory pour se terminer à la Place de la République dans le Plateau, dès 8h le matin du 2 août.
L'opposition mobilisée pour Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam
Le Front Commun, coalition entre le Parti Démocratique de Côte d'Ivoire – Rassemblement Démocratique Africain (PDCI-RDA) et le Parti des Peuples Africains – Côte d'Ivoire (PPA-CI), organisait cette manifestation pour protester contre l'exclusion de leurs leaders de la liste électorale.
Les manifestants entendaient notamment réclamer la réintégration de l'ancien président Laurent Gbagbo (PPA-CI) et de Tidjane Thiam (PDCI), tous deux radiés de la liste électorale par décision judiciaire. Leur objectif principal était d'exiger des élections présidentielles inclusives et de sensibiliser l'opinion publique sur ce qu'ils considèrent comme une injustice démocratique.
Les motifs invoqués par la préfecture
Le Préfet Andjou Koua a justifié sa décision par plusieurs facteurs de sécurité et d'ordre public :
Perturbations de la circulation
L'itinéraire prévu, notamment le passage par le Boulevard Félix Houphouët-Boigny, risquait de provoquer des perturbations majeures de la circulation dans la capitale économique.
Risques sécuritaires
La destination finale, Place de la République, située à proximité du Palais présidentiel dans le quartier du Plateau, présentait des risques pour la sécurité publique.
Indisponibilité des forces de l'ordre
Les forces de sécurité étaient mobilisées pour assurer la sécurité des célébrations du 65e anniversaire de l'indépendance de la Côte d'Ivoire, organisées à Bouaké le même jour.
Le Préfet tente de rassurer sur les libertés
Malgré cette annulation, le Préfet d'Abidjan a tenu à réaffirmer son engagement en faveur des libertés publiques. Il s'est déclaré disposé à soutenir de telles initiatives futures, à condition qu'elles respectent le cadre légal en vigueur.
Cette position reflète la volonté des autorités de maintenir un équilibre entre le droit constitutionnel de manifester et les impératifs de sécurité publique, particulièrement dans les zones sensibles de la capitale.
Des tensions politiques persistantes
L'annulation de cette marche met en lumière les tensions politiques actuelles en Côte d'Ivoire, notamment autour de la question de l'inclusivité électorale. L'exclusion de figures politiques majeures comme Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam continue de cristalliser les oppositions et pourrait alimenter de nouveaux mouvements de protestation.
Le Front Commun n'a pas encore réagi officiellement à cette décision, mais cette annulation pourrait renforcer leur détermination à faire entendre leurs revendications par d'autres moyens politiques.
Implications pour l'avenir politique
Cette décision intervient dans un contexte particulier, avec les préparatifs des célébrations nationales du 65e anniversaire de l'indépendance. Elle illustre les défis auxquels font face les autorités ivoiriennes pour gérer les tensions politiques tout en préservant la stabilité du pays.
Les revendications du Front Commun pour des élections présidentielles inclusives restent d'actualité et pourraient donner lieu à de nouvelles initiatives politiques dans les semaines à venir. Cette situation sera à surveiller de près, alors que le pays se prépare aux prochaines échéances électorales.
La capacité des différents acteurs politiques à trouver un terrain d'entente sur ces questions d'inclusivité électorale constituera un enjeu majeur pour la stabilité démocratique de la Côte d'Ivoire dans les mois à venir.