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Alassane Ouattara en route pour un 4ᵉ mandat, l’opposition décapitée – quels calculs, quels scénarios ?

Publié le 29 juillet 2025Politique0 vues
Alassane Ouattara en route pour un 4ᵉ mandat, l’opposition décapitée – quels calculs, quels scénarios ?
Trois mois avant la présidentielle d’octobre 2025, la Côte d’Ivoire s’engage dans une séquence politique décisive : le président Alassane Ouattara vient d’officialiser sa candidature pour un quatrième mandat consécutif, tandis que les figures les plus emblématiques de l’opposition – Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Charles Blé Goudé et Tidjane Thiam – sont pour l’instant écartées de la compétition par des barrières judiciaires ou administratives. Dans un contexte régional marqué par les transitions militaires au Sahel et la crise de légitimité des régimes civils, ce choix soulève trois questions centrales : quelle stratégie sous-tend l’exclusion de rivaux aussi populaires ? Quelles portes de sortie restent-elles ouvertes à ces opposants ? Et surtout, quels risques ce verrouillage électoral fait-il peser sur la stabilité ivoirienne à court et moyen terme ?
Lire aussi : Le Préfet d'Abidjan interdit la marche de l'opposition prévue le 2 août

1. Le fait politique : un candidat sortant, des rivaux disqualifiés

Le président Alassane Ouattara (83 ans) a confirmé sa candidature à un quatrième mandat pour le scrutin d’octobre 2025, après qu’une révision constitutionnelle a supprimé la limite de deux mandats.

Parallèlement, la Commission électorale (CEI) a invalidé plusieurs candidatures majeures :

  • Laurent Gbagbo (inéligibilité liée à sa condamnation de 2011),

  • Guillaume Soro (condamné in absentia pour « atteinte à la sûreté »),
    Charles Blé Goudé (peine nationale non amnistiée),

  • Tidjane Thiam (impasse sur l’abandon tardif de sa nationalité française).

Cette combinaison laisse Ouattara face à une dizaine de candidats mineurs, sans appareil national comparable.

2. Quelle stratégie cachée ?

Axe

Objectif implicite

Verrouillage légal

Transformer des contentieux judiciaires (Gbagbo, Soro, Blé Goudé) ou administratifs (Thiam) en obstacles électoraux définitifs.

Fragmentation résiduelle

Maintenir des candidatures « tolérées » (Simone Ehivet, Billon, Don Mello) pour disperser les voix et éviter tout second tour.

Préemption de la transition

Prolonger le mandat pour gérer la succession interne au RHDP et protéger les réseaux politico-économiques au sommet de l’État.

Message régional

Montrer qu’Abidjan reste un pôle de stabilité face aux juntes voisines, quitte à rogner sur la compétition démocratique.

En somme, Ouattara échange sa légitimité procédurale contre un contrôle maximal du calendrier politique.

3. Dans quel scénario les exclus pourraient-ils revenir ?

3.1 La voie contentieuse interne (peu probable)

  • Recours au Conseil constitutionnel dans les 72 heures suivant la décision de la CEI.

  • Requisite : produire un certificat de non-condamnation (Gbagbo, Soro, Blé Goudé) ou la preuve d’une nationalité ivoirienne exclusive avant la clôture des candidatures (Thiam).

  • Or les juges constitutionnels sont tous nommés par le président ; chance d’aboutir faible (< 10 %).

3.2 L’amnistie présidentielle (scénario de crise)

  • Ouattara pourrait signer une loi d’amnistie limitée pour calmer une tension sociale majeure ou répondre à une médiation CEDEAO/UA.

  • Cela supposerait un risque calculé : faire revenir des rivaux très populaires. Probabilité moyenne si des violences post-validation surviennent.

3.3 La pression internationale concertée (probabilité moyenne-basse)

  • Suspension d’appui budgétaire UE/USA, menace de sanctions ciblées.

  • L’effet est incertain : Abidjan compte sur ses partenaires asiatiques (Chine, Inde) et le soutien sécuritaire français.

3.4 Le compromis politique bilatéral

  • Exemple : autoriser une seule figure majeure (Thiam ou Gbagbo) en échange d’un accord de non-contestation post-électorale.

  • Nécessite des négociations secrètes et la garantie d’un échec probable au premier tour faute de temps de campagne.

4. Quels risques pour la Côte d’Ivoire ?

Risque

Impact potentiel

Délégitimation institutionnelle

Abstention élevée, boycott, affaiblissement de la crédibilité internationale du scrutin.

Mobilisation urbaine

Manifestations à Abidjan, Yamoussoukro, Bouaké ; réaction sécuritaire musclée, possible spirale de violence comme en 2020.

Fracture au sein du RHDP

Départs de barons régionaux frustrés par l’absence de renouvellement, tensions latentes pour la succession 2030.

Effet de contagion régionale

Argumentaire pour les juntes du Sahel : « les scrutins civils ne sont pas plus démocratiques », affaiblissant le front pro-constitutionnaliste de la CEDEAO.

Défi économique

Sanctions ciblées, réévaluation du risque-pays, pression sur le franc CFA et le cacao en pleine volatilité climatique.

Les personnalités exclues restent hautement mobilisatrices : Gbagbo dans le Sud-Ouest, Soro au Centre-Nord, Thiam dans les grandes villes francophones et la diaspora. Leur mise à l’écart peut déplacer la contestation des urnes vers la rue.

5. La victoire la plus risquée ?

En choisissant de briguer un quatrième mandat tout en écartant ses adversaires les plus populaires, Alassane Ouattara réduit l’incertitude électorale mais augmente l’incertitude politique :

  • Victoire quasi assurée le 12 octobre (scénario à un tour).

  • Post-élection fragile, tributaire de la capacité du régime à contenir une colère sociale multiforme.

Sauf réintégration surprise de l’un des grands exclus, le scrutin 2025 risque d’être perçu comme un plébiscite contrôlé, pesant sur la stabilité à moyen terme et sur la réputation démocratique d’un pays longtemps présenté comme un modèle de relance post-conflit.

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