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Côte d'Ivoire : Laurent Gbagbo, Exclut de Se Rallier Derrière Une Autre Candidature

Publié le 19 septembre 2025Politique0 vues
Côte d'Ivoire : Laurent Gbagbo, Exclut de Se Rallier Derrière Une Autre Candidature

Dans une déclaration retentissante qui bouleverse l'échiquier politique ivoirien, l'ancien président Laurent Gbagbo a catégoriquement refusé d'apporter son soutien à l'un des candidats validés par le Conseil constitutionnel pour la présidentielle de 2025. Cette position tranchée de l'ex-chef d'État, lui-même exclu du scrutin, redessine les contours de l'opposition ivoirienne à quelques semaines d'une élection déjà controversée.

Une Décision Ferme et Argumentée

L'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, a affirmé, jeudi 18 septembre 2025 à Abidjan, qu'il n'apportera son soutien à aucun des candidats retenus par le Conseil constitutionnel à l'issue de sa décision du 8 septembre dernier.

Cette position, exprimée par l'intermédiaire de sa porte-parole Me Habiba Touré, marque un tournant dans la stratégie de l'opposition ivoirienne. « Je n'ai jamais soutenu, ni de près ni de loin, un prétendu plan de précaution consistant à se ranger derrière l'un des candidats validés », a déclaré le président du Parti des peuples africains – Côte d'Ivoire (PPA-CI).

Le Contexte de l'Exclusion : Une Liste Électorale Controversée

La décision de Laurent Gbagbo intervient après l'exclusion définitive de plusieurs figures majeures de l'opposition. Le 4 juin 2025, la Commission électorale indépendante exclut définitivement de la liste électorale quatre figures de la politique ivoirienne : Tidjane Thiam, Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro.

Tidjane Thiam, président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) et l'ex-président Laurent Gbagbo, chef du Parti des peuples africains-Côte d'Ivoire (PPA-CI) sont exclus de la liste électorale, le premier pour des questions de nationalité, le second pour une condamnation judiciaire.

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Les Raisons de l'Inéligibilité de Gbagbo

Actuellement inéligible en raison de sa condamnation à vingt ans de prison, Laurent Gbagbo a été gracié par le président Ouattara en 2022, mais pas amnistié ce qui empêche sa réinscription sur la liste électorale.

Cette situation juridique complexe illustre les séquelles persistantes de la crise post-électorale de 2010-2011, où Laurent Gbagbo avait refusé de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara, plongeant le pays dans une guerre civile de plusieurs mois.

Les Consultations et les Options Envisagées

Laurent Gbagbo a indiqué avoir consulté plusieurs personnalités politiques dont les dossiers ont été rejetés par la haute juridiction, afin de recueillir leurs analyses et leurs propositions. Deux options avaient alors été évoquées : soutenir collectivement un candidat retenu ou engager une résistance démocratique pour exiger des élections inclusives et conformes à la Constitution.

Le Rejet du "Plan de Précaution"

« La première option n'a pas prospéré. Elle ne faisait pas l'unanimité, ni parmi les candidats exclus, ni au sein de la population. En outre, les personnalités retenues par le Conseil constitutionnel ne sont pas celles investies par les grands partis politiques », a-t-il justifié.

Cette explication révèle les divisions au sein de l'opposition et la difficulté à trouver un consensus sur une stratégie commune face aux exclusions prononcées par les institutions.

La Voie de la "Résistance Démocratique"

L'ancien chef de l'État a donc retenu la seconde voie, qu'il qualifie de « combat démocratique et pacifique » face au régime du Président sortant, Alassane Ouattara.

Cette décision marque un choix stratégique majeur : plutôt que de s'accommoder du système en place en soutenant l'un des candidats validés, Gbagbo opte pour une contestation frontale du processus électoral lui-même.

Une Dénonciation de la "Confiscation de la Démocratie"

M. Gbagbo a par ailleurs estimé que la décision d'écarter 55 candidatures, dont celles des principaux partis d'opposition, a privé le peuple de son droit souverain de choisir librement son dirigeant, dénonçant une « confiscation de la démocratie ».

Ce chiffre de 55 candidatures rejetées souligne l'ampleur des exclusions opérées par le Conseil constitutionnel et fournit un argument de poids à la thèse d'un processus électoral non inclusif.

L'Appel à la Réconciliation et à la Paix

Malgré sa position de fermeté, Laurent Gbagbo n'a pas manqué de rappeler les leçons du passé. Tout en rappelant les « douloureuses cicatrices » de la crise post-électorale de 2010-2011, il a exhorté le président Ouattara à privilégier la paix et à « rompre avec la logique de confiscation » afin de léguer à la Côte d'Ivoire une nation réconciliée et respectueuse de ses institutions.

Un Message de Sagesse Politique

« Gouverner, ce n'est pas s'éterniser au pouvoir au risque de briser la nation, mais respecter la Constitution et préparer la paix pour l'avenir », a conclu Laurent Gbagbo, appelant les Ivoiriens à rester unis, déterminés et mobilisés.

Cette déclaration révèle une certaine maturité politique de l'ancien président, conscient des risques que peuvent représenter les tensions électorales pour la stabilité du pays.

Analyse : Une Stratégie Politique Risquée mais Cohérente

Les Motivations de Gbagbo

La décision de Laurent Gbagbo de refuser tout soutien s'inscrit dans plusieurs logiques :

Cohérence Idéologique : Soutenir un candidat validé par un système qu'il conteste reviendrait à légitimer ce même système.

Préservation de son Capital Politique : En ne se compromettant avec aucun candidat, Gbagbo préserve sa base électorale et son influence future.

Pression sur le Système : Cette position maintient la pression sur les institutions et le pouvoir en place.

Les Risques de cette Stratégie

Isolement Politique : En refusant tout compromis, Gbagbo risque de se marginaliser davantage dans le jeu politique ivoirien.

Fracture de l'Opposition : Cette position pourrait accentuer les divisions au sein de l'opposition, affaiblissant son poids face au pouvoir.

Risque de Déstabilisation : Bien qu'il prône la paix, l'appel à la "résistance démocratique" pourrait être interprété différemment par certains de ses partisans.

Le Contexte Electoral : Une Présidentielle Déjà Controversée

Cette prise de position intervient dans un contexte électoral tendu, marqué par l'exclusion de plusieurs figures de l'opposition et la candidature controversée d'Alassane Ouattara à un quatrième mandat.

Les Candidats Validés

Le Conseil constitutionnel n'a donc pas suivi les requêtes de plusieurs opposants, qui estimaient qu'Alassane Ouattara n'avait pas le droit de briguer un quatrième mandat et appelaient à la tenue d'élections inclusives.

La validation de la candidature d'Ouattara, malgré les contestations, constitue l'un des éléments centraux de la controverse actuelle.

Impact sur la Campagne Électorale

Redéfinition des Alliances

La position de Gbagbo force les autres acteurs politiques à redéfinir leurs stratégies :

  • Les candidats validés devront composer sans le soutien de la base électorale de Gbagbo
  • Les autres figures exclues devront décider individuellement de leur positionnement
  • L'électorat de Gbagbo se retrouve sans consigne de vote claire

Enjeux de Légitimité

Cette position soulève des questions fondamentales sur la légitimité du futur président :

  • Comment gouverner avec une opposition qui conteste la validité même du processus électoral ?
  • Quelle sera la participation électorale si une partie significative de l'opposition boycotte ?
  • Comment assurer la stabilité post-électorale dans ce contexte ?

Perspectives d'Avenir

Scénarios Possibles

Maintien de la Position : Gbagbo pourrait maintenir sa ligne jusqu'aux élections, créant un précédent de résistance institutionnelle.

Évolution Tactique : Face à la pression de sa base ou à l'évolution de la situation, il pourrait reconsidérer sa position.

Influence Post-Électorale : Quelle que soit l'issue du scrutin, cette position lui confère un rôle potentiel d'opposant principal au futur régime.

Conséquences pour la Démocratie Ivoirienne

Cette crise révèle les fragilités persistantes de la démocratie ivoirienne :

  • Difficulté à organiser des élections véritablement inclusives
  • Persistance des clivages politiques profonds
  • Défis de la réconciliation nationale

Un Pari Risqué sur l'Avenir Démocratique

La décision de Laurent Gbagbo de refuser tout soutien aux candidats validés constitue un pari politique majeur. En privilégiant la contestation du système plutôt que la participation, même indirecte, au processus électoral, l'ancien président fait le choix de la cohérence idéologique au risque de l'isolement politique.

Cette position, si elle se maintient, transforme fondamentalement la nature de la campagne électorale de 2025. Elle pose également des questions cruciales sur l'avenir de la démocratie ivoirienne et la capacité du pays à dépasser définitivement les clivages de la décennie 2010.

L'histoire retiendra si cette stratégie de "résistance démocratique" aura contribué à renforcer les institutions ivoiriennes ou si elle aura approfondi les fractures politiques du pays. Dans un contexte où les "douloureuses cicatrices" de 2010-2011 restent vives, l'enjeu dépasse la seule personne de Laurent Gbagbo pour toucher à l'essence même du projet démocratique ivoirien.

Le défi reste immense : comment concilier l'exigence d'inclusivité démocratique avec le respect des institutions et de l'État de droit ? La réponse à cette question déterminera en grande partie l'avenir politique de la Côte d'Ivoire.

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